Venez découvrir ou redécouvrir le célèbre film de Claude Chabrol, d’après l’oeuvre de Pierre-Jakez Helias. Pour la projection de ce soir, le film sera doublé en breton et sous-titré en français : une occasion pour les bretonnants de s’immerger dans la langue bretonne.
Le film de Claude Chabrol, célèbre réalisateur français né en 1930, qui a pour titre Le Cheval d’orgueil, est sorti en salles en septembre 1980. Le scénario est signé Daniel Boulanger et Claude Chabrol, et les principaux acteurs sont Michel Blanc, Jacques Dufilho, Bernadette Le Saché et François Cluzet. Le film a été tourné en Bretagne, près de Quimper, et quelques finistériens ont participé au tournage. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme de Pierre-Jakez Helias, ouvrage largement autobiographique paru en 1975 en breton, puis traduit en français peu après.
Pierre-Jakes Hélias est né en 1914 à Pouldreuzic (pays bigouden) et mort en 1995. Il est à la fois écrivain, journaliste et folkloriste. Il est issu d’une famille d’ouvriers agricoles. Professeur de lettres classiques à l’Ecole Normale de Quimper de 1946 à 1975, il écrit des poésies, des pièces de théâtre et des romans, à la fois en français et en breton. Très attaché à la culture bretonne, il participe aux premières émissions de télévision en breton (1971) et est l’auteur notamment d’un livre sur les coiffes et costumes de Bretagne (Coiffes et costumes de Bretagne, éditions Jos Le Doaré).
Le Cheval d’orgueil décrit la dure vie d’une famille de paysans bigoudens avant la Première Guerre mondiale. Cet ouvrage est un grand succès, il est d’ailleurs traduit en dix-huit langues. Il s’agit d’un récit très minutieux de la vie rurale bretonne et des codes qui la régissent. L’auteur décrit par conséquent le sens de l’honneur paysan, les usages de solidarité, les croyances, les traditions, les rites, les remèdes populaires, en bref une mémoire collective portée par des paysans dont le quotidien est marqué par la difficile survie à la misère. Le sens du titre de l’ouvrage peut être éclairé par cette phrase : « Trop pauvre que je suis pour posséder un autre cheval, du moins le « cheval d’orgueil » aura-t-il toujours une stalle dans mon écurie ». Pierre-Jakes Hélias entend ainsi faire une histoire des paysans dégagée des préjugés, et montrer les évolutions d’un monde paysan en marche vers la modernité (il s’attarde notamment sur le difficile apprentissage du français), qui ne renonce pas pour autant à ses traditions. L’ouvrage se termine par un passage critique sur l’émergence du mouvement nationaliste breton, qui selon lui est porteur d’un repli sur soi néfaste. Le Cheval d’orgueil est par conséquent un récit qui mêle histoire, sociologie, et même ethnologie. Il donne lieu à une polémique avec Xavier Grall, qui lui reproche de donner une image trop passéiste de la Bretagne (Le Cheval couché, 1977).
L’adaptation filmique, quant à elle, se concentre surtout sur la partie autobiographique du récit, c’est-à-dire sur l’histoire de Pierre, du début du XXe siècle à la fin de la Première Guerre mondiale. L’avant-première du film a lieu à Quimper le 17 septembre 1980, et suscite à la fois l’émotion des participants au tournage et plusieurs critiques, comme par exemple le fait de n’avoir pas tourné en breton (qui est d’ailleurs le plus grand regret de Chabrol pour ce film), ou le fait de montrer des clichés. Dans l’ensemble, Le Cheval d’orgueil est plutôt mal accueilli par la critique. Ce film a été doublé en breton en 2008-2009, par l’association Dizale.
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