Judicaël, saint et roi de Domnonée (vers 590-647 ou 652)
L’on sait bien peu de choses de celui qui fut, selon les sources, « roi » ou « duc royal de Bretagne » si ce n’est par le récit du pseudo-Frédégaire (VIIIème siècle). Les sources sont rares sur la période.
Judicaël est né vers 590. Fils aîné de Judaël, roi de Domnonée et de la reine Prizel, fille du comte du Léon, il aurait eu 15 frères et 5 sœurs dont plusieurs seront canonisés « Vox populi » comme Josse et Guinien. A la mort de son père vers 605, fils aîné il hérite du royaume, mais son frère Haëloc, poussé par son gouverneur Rethwal usurpe le trône. Judicaël n’a aucune vocation militaire ou politique. Humble, doux et pacifique, il se retire au monastère St-Jean de Gaël que Saint Méen vient d’ériger. Mais Haëloc, qui s’est entretemps converti sous l’influence de Maclou, meurt en 615. Judicaël quitte alors son monastère et retourne en Domnonée qu’il gouverne pendant 20 ans, aux côtés de Morone, son épouse, avec « autorité et sagesse ».
Sage et pieux, Judicaël est aussi un fin politique. La période est troublée. Vers 635-636, sous le règne de Dagobert Ier, Bretons et Francs s’opposent à leurs frontières. La situation s’aggrave et Dagobert menace les Bretons d’une intervention militaire. Judicaël va le rencontrer à Clichy. Les deux souverains échangent des cadeaux et signent la paix. Judicaël reconnait la suzeraineté de Dagobert, tout en gardant l’honneur de son pays.
Mais, Judicaël, homme de Dieu, austère et pieux est choqué par la vie dissolue qui règne à la cour royale au point de refuser l’hospitalité du roi. Il séjourne alors à la résidence du « référendaire » Dado (Saint Ouen), « respectueux de la religion». Il y rencontre sans doute Eloi, conseiller de Dagobert.
Vers 642, Judicaël semble s’être de nouveau retiré au monastère de Gaël, ou peut-être à Paimpont, monastère qu’il vient de fonder, laissant le trône à son frère Josse qui choisit à son tour la vie monastique. Ce qu’il advint ensuite reste dans l’ombre. L’héritage a sans doute été partagé et l’on ignore qui occupe le trône.
Judicaël mort en 647 ou 652 est enseveli près de son maître saint Méen. Plus tard, des généalogies de Bretagne établissent le lien avec Judicaël. Ainsi, Dom Morice, se basant sur une « vita » du roi Judicaël rédigée au XIe siècle par le moine Ingomar, en fait-il l’ancêtre d’un certain « Erispoë comte de Rennes et de la race des anciens rois de Bretagne , père de Nominoë ». Mais on est là bien loin de la réalité historique. Le reste de la vie de Judicaël relève de la légende, de la tradition ou de l’hagiographie (Vies des saints de la Bretagne Armorique par Albert Le Grand en 1636). Il s’agit de donner un sens à la lignée des rois de Bretagne et d’en conforter le caractère chrétien.
Jeanne Malivel dans cette œuvre présente Judicaël comme roi et comme saint. Du roi, il a les attributs. La couronne, massive, signifie la fidélité que lui doit son peuple. L’épée symbolise la puissance militaire, le roi décide de la paix et de la guerre, commande l’armée, défend l’Eglise. Le manteau investit celui qui le porte de la majesté royale. Sa main droite a la forme d’une main de justice, l’index et le majeur pointés : le roi peut punir et gracier. Judicaël est aussi un saint : sa piété et sa bonté se lisent dans la douceur du visage, incliné, presque féminin. Le manteau est en forme de mandorle, l’amande ourlée qui ouvre sur la Lumière et enveloppe le corps du Christ en majesté. Enfin, tout le travail qu’a fait Jeanne sur les symboles celtiques se retrouvent dans le manteau et le fourreau de l’épée.
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