La première séance du Ciné Club du Confinement dont le principe est simple : on vous propose un film pour le dimanche après-midi, vous le regardez, puis à 16h les échanges commencent :
- de préférence dans le groupe Facebook Ciné Club du Confinement
- ou, si vous n’avez pas de compte Facebook, en laissant un commentaire sur cette publication
Pour commencer, un sujet d’actualité sur les travaux de Donatien Laurent,qui a retrouvé les cahiers de collecte de Hersart de la Villemarqué et a ainsi mis fin à la querelle sur l’authenticité des chants du Barzaz Breiz.
Dans les années 1960, l’ethnologue Donatien Laurent collecte les différentes versions de la gwerz Pardon Sant Fiakr, complainte qui raconte l’assassinat de Louis Le Ravallec, retrouvé mort en avril 1732 dans la rivière du Faouët.
Un film de 90 minutes de Philippe Guilloux
Pour le voir :
https://vimeo.com/381440887?fbclid=IwAR1oM_rDvwQoVmrcMj9CGIKnWfiu37GKhXWIY7TnQllsMvc327KwLqRSdgQ
ou
https://www.kubweb.media/page/tuer-louis-ravallec-gwerz-donatien-laurent-philippe-guilloux/
Voici quelques références si vous souhaitez en savoir davantage sur le Barzaz Breiz et les travaux de Donatien Laurent (la liste est longue, nous nous sommes limités) :
- Le dossier thématique du portail Bécédia :
http://bcd.bzh/becedia/fr/la-villemarque-et-le-barzaz-breiz - Une vidéo dans laquelle Donatien apparaît :
https://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00756/le-barzaz-breiz.html
Et aussi 2 ouvrages édités en 1989 par Dastum et le Chasse marée :
- La thèse de Donatien :
Aux sources du Barzaz-Breiz: La mémoire d’un peuple - et un CD
Tradition chantée de Bretagne. Les sources du Barzaz Breiz aujourd’hui
Enfin, consultables sur internet :
- un zoom du Centre de Recherche Bretonne et Celtique de Brest (Marie-Barbara Le Gonidec)
- un livre d’or de l’Institut Culturel de Bretagne, Donatien Laurent ayant été distingué par le Collier de l’Hermine
Compte rendu des échanges sur le groupe Ciné Club du Confinement pour la première séance, consacrée au film « Qui a tué Louis Le Ravallec ? », de Philippe Guilloux
Une première réaction laissée cette nuit sur notre site internet par Philippe Guilloux, réalisateur du film :
« Très heureux d’ouvrir votre formule de ciné-club, qui plus est avec ce film hommage à Donatien Laurent qui vient de nous quitter.
Bonne projection à vous, prenez soin de vous, de vos familles et de vos proches
Kenavo »
Les échanges
Si Philippe est là j’aimerai bien qu’il nous raconte la genèse de son projet Une rencontre ? Une vieille envie ?
La genèse remonte à loin.. j’avais été frappé par les réactions du public lors du passage de Denez aux transmusicales. Je me disais que la plus part des gens qui avait été touché par les gwerziou ne comprenait pas de quoi cela parlait et ne connaissait pas le rôle social de ces chants. A l’époque, je n’étais pas réalisateur mais programmateur de salle de cinéma et je me disais que ça serait pas mal de faire un film
Un très ancien projet donc
Et toujours ton approche sociale qui fait toute la force de tes films
Je ne sais pas si j’ai une approche sociale; J’essaye d’avoir une approche humaine
Le social c’est l’humain qu’on cherche à transformer en politique Dans le sens noble du terme évidement
Allez les autres Vous pouvez poser des questions
Peu de temps après, j’ai vu un documentaire sur de recherche autour de l’homme des glaces : ce corps retrouvé dans les glaces. Le documentaire prenait la forme d’une enquête policière. Et juste je lis l’article d’Ar men sur l’enquête de Donatien. Le personnage principal était trouvé 🙂
Donc une participation du hasard Et toi qui fais le lien Dans le fond pas vraiment du hasard
Quand j’ai commencé à écrite ce projet, j’ai écrit une fiction. Puis j’ai appelé Donatien pour le rencontrer et travailler. Et quand j’ai rencontré Donatien, j’ai su tout de suite que le film ne pouvait se faire sans lui. Comme bcp je suis tombé sous le charme
Un vrai humain, ça ne se refuse pas pour un film C’est tellement rare
Rencontré Donatien a été tellement…. je ne sais pas comment on peut décrire çà, c’est une rencontre formidable
J’espère que l’on va être rejoint par Barbara Le Gonidec qui l’a bien connu sur les dernières années
Je lui parlais du projet de film et il m’a dit au départ, qu’il ne voulait p lus; Il en avait fait plusieurs (dont les film avec Michel Tréguer). Puis je lui ai dit que je voulais le faire sous cette forme d’enquête, avec de la fiction, pour attirer un public plus jeune. Et là, il a dit oui
ce tournage fut un moment particulier, du fait de la personnalité de Donatien 😉
Il y a eu des moments difficiles ?
Difficile n’est pas le mot; Stressant plutôt hahahah
Raconte un peu
Plein de gens m’avait dit que Donatien était imprévisible. I le fut. c’est pour cela que j’avais pris l’option de tourner toutes les séquences avec lui à l’épaule. J’avais prévenu le chef opérateur et l’ingé son. Il faut qu’on soit opportuniste; Donatien n’est pas un « singe savant » qui va nous asséner ses vérités. Il faudra toujours être prêts à des choses différentes de ce qui est prévu
Et puis cette caméra à l’épaule était aussi une façon pour moi de matériel ce côté lunaire de Donatien
On le voit dans la séquence de la maison de Ravallec. Si on l’avait fait avec une caméra sur pied, on aurait été battu. Donatien regarde la maison il a une doute sur le fait que ça soit la bonne maison, et il s’en va faire le tour du village pour vérifier
Et c’est comme ça qu’on a des moments forts dans les documentaires Ce qui nous surprend mais que l’on a réussi à capturer
C’est toute la difficulté de l’écriture documentaire
Il faut s’adapter aux gens que l’on filme, pas l’inverse; surtout pour garder la spontanéité. Ca a été pareil aux archives, dans la maison de La Villemarqué, avec les vrais carnets que j’ai eu le privilège, grâce à ce tournage, de tenir dans mes mains
Je me souviens de cette journée; Nous avions rendez vous avec la marquise à Keransquer. Donatien nous avait prévenu : il est très impoli d’arriver en retard, mais plus encore d’arriver en avance; Nous sommes arrivés à l’heure; Le temps de descendre d la voiture, la port s’est ouverte, pile à l’heure
Ce film me fait penser à un film plus récent, sur le mode de l’enquête, sur un enjeu de culture populaire, sur un vrai personnage passionné et passionnant : L’or des McCrimmon
De mon ami Gérard avec Patrick oui superbe aussi
La magie
Nous attendons des questions et remarques des autres spectateurs
Oui attendons 😉
Il faut s’adapter aux gens que l’on filme, pas l’inverse; surtout pour garder la spontanéité :
Annie Ebrel va bien dans ce sens. Quand on collecte (et filmer c’est pareil), tout est important et il faut laisser celui qu’on est venu écouter aller à sa guise. Même les bruits alentours, les anecdotes etc … sont un témoignage
Souvent ce qui fait la richesse d’un témoignage est inattendu
Et on récupère d’autres informations, toujours enrichissantes …
Donatien faisait ainsi. Le collectage que j’ai choisi (celui qu’on entend dans le film) est typique du travail de Donatien. Laisser tourner comme dit Annie
La richesse c’est ce qu’on a en plus de ce qu’on vient chercher
Pour la petit histoire : Donatien avait demandé à l’inventeur du Nagra de modifier son appareil pour avoir une vitesse d’enregistrement très basse. Les bandes enregistrées ne peuvent être lu que sur sa machine
Oui Je sais pour le Nagra transformé par Kudelski En fait il est entre les vitesse haute du cinéma et les vitesses basses du reportage Moi j’ai un Nagra E de type reportage Ce qu’il faut faire c’est enregistrer tel quel et remettre à la bonne vitesse sur Audacity par exemple
Arggggg J’espère que Laurent Bigot et Marie-Barbara Le Gonidec dans le travail qu’ils ont mené avec Donatien ont pu récupérer une grande partie, voire la totalité
Je ne sais pas où ils en sont, Je n’ai pas vu lolo depuis longtemps;
Un travail financé par la région Bretagne a été mené pour numériser les bandes je crois
Une partie est dispo sur le site de Dastum.
Absolument. Et Dastumedia, la base de Dastum, est en accès libre désormais (juste s’inscrire, et fonctionne toujours en période de confinement)
En ce moment, je fais un film sur un autre personnage et là aussi il va y avoir un gros boulot à faire en terme de préservation
Ah oui ? de qui s’agit-il ?
Polig Monjarret. Le film est en cours de finalisation.
Tu m’as parlé de ce film déjà Et je t’ai dit que je serais heureux d’être un des premiers diffuseurs
Je profite du confinement pour affiner des détails. Semaine prochaine, je lâche le bébé 😉
Tu me tiens au courant
Surtout qu’on y parle des bretons de paris, de la KAV; avec une très belle photo d’un groupe en costume avec, en arrière plan, la tour Eiffel
Un document exceptionnel quand on connait l’histoire de cette photo qui m’a été donnée par Marcel Ropars
Doublement preneur donc
Cette photo a été prise lors de la visite de la commission d’enquête galloise. Tu connais cette histoire ? Après la seconde guerre mondial, il y a eu une commission d’enquête galloise pour vérifier que les procès des militants bretons étaient équitables. La photo de groupe que j’ai a été prise le jour d’une réception de cette commission
Génial
J’ai également apprécié de voir Pierre Le Padellec aux côtés de Donatien. Pierre est un de ses vieux compères et a disparu il y a un peu plus d’un an. Il mérite lui-aussi d’être mieux connu (collecteur, collier de l’hermine, comme Donatien, président du Kan ar Bobl). Ils m’avaient raconté avoir sonné tous les deux en pleine nuit dans les rues de Paris, à la plus grande joie des riverains de la rue du Renard
A quelle occasion ?
Oui, Pierre… Cette journée fut la plus merveilleuse de ce tournage.
Les boucles se font ; je termine un film sur Polig Monjarret, créateur du kan ar bobl. Je devais d’ailleurs appelé Donatien ces jours ci pour lui annoncer que le film était terminé car nous avions parle de Polig que Donatien connaissait très bien
C’était pour le Colloque sur l’Abbé Cadic à Pontivy, organisé par Fañch Postic (qu’on voit dans le film). J’y étais invité pour parler de la Mission Bretonne
Fanch doit être très peiné. Nous le sommes d’autant plus que nous ne pouvons pas accompagner Donatien pour son dernier voyage
On en parlait jeudi avec Marie Barbara Il faut organiser une grande cérémonie dès que tout ce bordel est fini Il mérite d’avoir plusieurs centaines de personnes à une cérémonie en sa mémoire
Il est évoqué dans le film de Philippe Guilloux le fait que Donatien faisait partie du Bagad Bleimor. Voici une photo tirée d’un film de 1955 (environ) réalisée par la Mission à l’époque et que nous avons ressuscité de nos archives
Notre film révèle de plus en plus sa valeur
Je suis bien d’accord avec cette idée d’une cérémonie avec des chanteurs, de la musique, des gens qui parleront de Donatien
Je pense que comme pour Yann-Fañch dernièrement, et pour Patrick Malrieu l’année dernière, un colloque sera organisé
Ce projet semble se dessiner
Chaque personne qui a croisé Donatien a une foule d’anecdote à raconter
Moi par exemple, pendant le tournage, quand Donatien s’est retrouvé en slip et en tricot de corps dans le couloir de l’hôtel avec la porte qui s’est refermée derrière lui, à 3 heures du matin 😂😂😂
C’est très probable, voire évident, le colloque Mais un rassemblement libre, avec vraiment beaucoup de monde donnera un signe de l’importance de continuer dans le chemin que Donatien a tracé
Tout à fait son côté lunaire
Oui, d’abord une fête , un vrai hommage. le colloque pourquoi pas mais pas seulement
Ou quand il me fait un coup pas possible : il avait oublié à Brest ses médicaments, ceux qu’il prenait depuis des années, suite à son accident de voiture.
Donc retour sur Brest ?
Nous étions à 80 kms de chez lui, je lui dit que je vais appeler mon médecin pour qu’il me fasse une ordonnance en urgence : Donatien ne se rappelle par le nom de son médicament, pas plus que le numéro de tél de son médecin !! Bon j’arrive a téléphoner à son médecin qui me dit : pour ce coup la, c’est bon, vous ramenez Donatien chez lui ce soir, vérifiez bien qui prenne une double dose; Bon okay. La on prend la voiture, on passe devant un village, Donatien se rappelle à ce moment là qu’il avait connu, dans les années 50, une personne de ce village qui lui avait chanté une gwerz et il commence à me l’a chanter !!! il connait pas le nom de son médicament et chante une gwerz qu’il a entendu 50 ans plus tôt; On a presque envie de le tuer à ce moment là hihihihihih
Entièrement consacré à une cause Il se diluait dans sa passion, s’en oubliait
Oui s’est çà qui était étonnant avec lui qui lui donnait ce côté extra – terrestre, poétique, enfantin aussi. J’adore le dernier plan du film quand il fait tourner ce petit personnage qui le représente, tendant un micro à une dame… son regard, son attitude à ce moment là, c’est vraiment lui. Cette gentillesse, cette douceur dans ce regard
Il avait gardé un regard d’enfant
Il pouvait aussi avoir des sortes de « colère »; comment il m’a engueulé quand le jour ou nous sommes allés sur les lieux du crime, je ne voulais pas qu’il descende dans les gorges pour tourner la séquence. Alors bon, on peut se mettre n’importe où et dire que c’est ici que ca s’est passé ? pas question.. et il a dévalé la pente avec Pierre et nous qui suivions derrière en nous cassant la figure alors que les deux autres sont arrivés en bas sans encombres
Il a du en arpenter des kilomètres de tout terrain
En solex aussi, ou avec pierre et sa 2cv. Il m’ raconté qu’un jour, en rentrant, il s’était endormi dans la voiture de pierre et dans un virage la porte s’est ouverte et il a fait un roulé boulé; ils étaient en ville et ne devait pas rouler bien vite
Non mais ils sont incroyables tous les deux
Bonjour Philippe Guilloux et merci pour ce film absolument passionnant. Comment avez-vous pensé l’articulation entre la reconstitution de l’histoire par la fiction qui émaille le film-documentaire, et la partie d’enquête et recherche qui vient commenter et enrichir la fiction?
Ca a été le point le plus compliqué. D’abord la fiction. Quand je me suis lancé dans le projet, ca me paraissait simple. Sauf qu’en avançant, j’ai découvert que sur cette période, nous avons très peu d’information
Par exemple sur les costumes. Nous ne sommes pas du tout dans l’époque des costumes bretons que nous connaissons aujourd’hui et qui sont postérieurs
Ensuite, dans une économie documentaire, nous ne sommes pas riches, il faut ton trouver des astuces. Mais finalement ça m’a servi. Je trouve qu’il y a souvent, dans les docu fiction, une trop grand coupure entre les parties fictions et les parties doc. Surtout quand on a des moyens de faire de la reconstitution. Je n’avais pas les moyens, je me suis donc tournée vers une écriture qui est plus une évocation qu’une reconstitution
C’est au montage que ça a été compliqué car il y a 4 histoires en fait : le crime, l’enquête de 1960, le portrait de Donatien et la gwerz en général.
Merci pour cette réponse, le matériau est riche et complexe, c’est un jeu de pistes, et le terme d’évocation est tout à fait adapté !
Pour l’anecdote : je n’avais pas le budget pour me payer des éclairages pour la séquence du crime; Ça coutait très cher. On a tourné un soir de pleine lune et on a éclairé avec des bougies dans des cartons avec du papier aluminium pour faire réflecteur 😉
Et le rendu est convaincant et immersif !
Oui avec les caméras maintenant on peut filmer très basse lumière sans perte.
Et finalement, ça dramatise la scène. Et en plus, c’est après avoir calé la date que je me suis rendu compte que ‘était pleine lune 😉
J ai trouvé ce film très intéressant et j ai découvert la personne Donatien Laurent et son travail.
Merci
Toujours se cultiver …En ce moment il faut en profiter pour élargir sa compréhension du monde C’est même nécessaire
Une autre question qui me vient est sur le médium : le film qui permet une grande richesse sensorielle puisqu’elle lie le visuel et le son, et permet même par l’union des deux de convoquer tous les autres sens (toucher, odorat, goût). Quelle place attribuez-vous, Philippe Guilloux, au format documentaire comme moyen de transmission contemporain?
Pour moi c »est essentiel. C’est un outil qu’il faut utiliser pour donner les bases d’une connaissance de notre histoire. C’est pour cela qu’une partie de mon travail consiste en des films qui parle de la société bretonne : la guerre 14, la seconde guerre mondiale, Glenmor, Donatien, Polig Monjarret
Un peu dans l’esprit de Howard Zinn Une espèce d’Histoire Populaire de la Bretagne
Donc il y’a une dimension politique, au sens le plus noble du terme, à faire ce travail de mémoire, testimonial aussi, afin d’enraciner les nouvelles générations dans une histoire, qui permet d’autant plus de se relier à la rumeur du Monde dans son entier ?
J’adore la notion de « rumeur du Monde » Ça va nourrir mon imagination
Oui, Je suis de cette génération qui connait un peu l’histoire, du moins la partie contemporaine et qui a eu la chance de rencontrer certains acteurs du renouveau. Et surtout, je crois beaucoup à deux proverbes :
- plus on est enracinés, plus on est universel
- quand tu ne sais pas où tu vas, retourne toi et regarde d’où tu viens
Et voilà Je me rappelle pourquoi je t’apprécie autant
Proverbes féconds surtout à l’heure où des incertitudes exigent de trouver de plus saines certitudes
Il faut vraiment réfléchir en ce moment
Ce film documentaire est captivant, je ne connaissais pas du tout l’existence de ces chants, aussi prenants que parlant.
Le devoir de mémoire est important, et ce « devoir » là est exceptionnellement bien fait.
J’aurais aimé savoir par curiosité personnelle, l’identité de l’homme qui chante quand ils sont dans la voiture au début du documentaire svp ?
Le monsieur avec qui il chante quand il se retrouve devant la chapelle ?
C’est vers la 17ème minute
Okay. Donatien est avec Pierre dans la voiture. Le chant qu’on entend à ce moment là est un des collectages de Donatien sur Loiez Ar Ravallec
Je vous remercie 🙂
C’est le même collectage que celui du générique de fin. D’après le s indications que m’ait donné Donatien, il s’agit de louis-marie Guennic. Voir avec Dastum si c’est répertorié
Sur le site j’ai trouvé un enregistrement de Louis-Marie Guennic datant du 19/06/1965 concernant Loeizig er Rawalleg, ça doit faire partit du collectage de Donatien.
Je pense oui; Ce sont les années de son enquête sur le terrain.
Merci à Philippe Guilloux et la Mission Bretonne / Ti ar Vretoned pour ce magnifique reportage. L’œuvre de Donatien Laurent, passionnée, est touchante et mérite en effet très largement d’être connue de tous les Bretons. L’occasion aussi de comprendre le grand intérêt historique des gwerzioù et de consacrer un bel hommage à un homme passionné et passionnant.
Bon, il faut que j’aille faire ma promenade à moins d’un kilomètre de la maison 😉 mon compagnon à 4 pattes m’en fait la demande; N’hésitez pas à poser des questions si vous le souhaitez, je passerai y répondre plus tard… portez vous bien, prenez soi de vos familles et de vos proches
Bonjour, pourquoi avoir fait le choix d’ une atmosphère plutôt intimiste ?
Philippe y répondra plus tard Il a du s’absenter
Pas de soucis, on essuie les plâtres du ciné club🙂
Ouais Et on va le construire un peu plus et un peu mieux de semaine en semaine
Suis de retour, moins d’une heure lol. Je n’ai pas compris la remarque sur l’atmosphère intimiste ?
Hé bien , il y a des ambiances calmes d’intérieurs de maison, des discussions tranquilles ‘sur le ton de la conversation’ parfois les documentaires utilisent un son plus fort qui réveillent les gens, les reporters « gueulent » et les questions sont plus péremptoires. au contraire vous nous faites entrer chez les gens discrètement comme si nous étions le caméraman
Ah okay. Je me vois mal faire hurler Donatien lol. J’essaye d’être un passeur. J’ai la chance par ce travail de rencontrer des gens passionnants qui m’ouvrent leur porte, leur intimité, leur coeur aussi. J’essaye de partager ce privilège qui m’est donné. Pendant le tournage, on essaye (avec mon équipe (sur ce film nous étions 3), d’établir une confiance. C’est souvent sur le mode de la conversation car c’est la que nous obtenons les plus belles confidences.
Oui, on sent que les gens ont autant d’importance que le sujet. C est apaisant en plus d’être instructif; et on a l’impression de devenir aussi témoin de toute cette histoire
Lorsqu’on fait le choix de ne pas avoir de commentaires en voix off, on donne leur place aux intervenants. C’est pour cela que je parle de passeur. Le spécialiste, c’est Donatien, pas moi. Le savoir, c’est lui qui l’a, pas moi. Même s’il ne faut pas négliger le fait que le choix des personnages, le choix au montage, bref, l’intention, sont de ma responsabilité et que j’assume pleinement le fait que je donne aussi, par ce biais, ma vision.
Merci
Encore une fois une pratique similaire à la mienne. A une bien plus petite échelle que la tienne bien sûr.
Un immense merci Philippe pour ton intervention
Autre fil de discussion sur le groupe
Comme le dit Eva vers la fin du film, Donatien mérite à être davantage connu. Et donc grand merci à Philippe Guilloux d’avoir souligné tout ce que la Bretagne doit à Donatien. Son oeuvre la plus majeure a sûrement été de retrouver les carnets de collecte de La Villemarqué et ainsi de mettre un terme au doute (pour ne pas dire la querelle) sur l’authenticité des chants du Barzaz Breiz qu’il y a eut après la publication en 1839.
Et de redonner ses lettres de noblesse au chant populaire en lui donnant une portée historique Un vrai ancrage dans le réel
Claude Devries
Pour aller dans ton sens, Eric, il est évoqué à plusieurs reprises « un texte vrai », « l’audience auprès du public » et toute l’émotion que ressentent plus de 200 ans après les interprètes de la Gwerz. C’est bien ça la Gwerz
C’est la force du travail de Donatien La passion s’adresse d’abord à l’émotion
On trouve des gwerzioù dans toute la Bretagne ?
Oui. Et aussi dans la partie gallésante : des complaintes
Karen Diabaté-Massart
Ça m’intéresse tout particulièrement l’abbé Cadic a recueilli une chanson (en breton vannetais) qui raconte l’assassinat de mon ancêtre par les chouans et je n’avais pas percuté que ça pouvait être une gwerz
Un lien fort avec l’histoire
Tu pourrais m’envoyer le titre de la chanson en MP, on pourrait vérifier dans la base Dastum et ensuite (quand le virus nous aura lâché), voir l’exemplaire car la collection quasi complète est à Dastum Rennes
Un autre fil
J’ ai été stupéfait par la conclusion du film; le fait que l’on retrouve encore des personnes pouvant parler de cette affaire comme si elle s’était déroulée il y a 50 ans alors que çà fait 3 siècles !
Je peux vous raconter une anecdote : en amont du tournage, je me rends à Langonnet pour repérer la maison et les lieux de tournage. J’arrive dans le village de Porsqueul. J’en fais le tour mais ne connaissant pas la maison, je m’adresse à un cultivateur (celui que l’on voit dans le film). Je lui explique que je cherche la maison de Louis Le Ravallec. Sait-il de quelle maison il s’agit (il a une quarantaine d’année). Il me répond que oui. Pendant que nous nous dirigeons à pied vers la maison, je lui demande : vous connaissez donc l’affaire. Il me répond « oui mais je n’étais pas là à l’époque, j’habitais ailleurs »…
Philippe Guilloux
Le jour où je suis allé le cherche parce que Donatien n’était pas sur que ça soit la bonne maison (l’histoire de l’escalier disparu) il est venu indiquer la maison en me précisant : d’accord mais je ne veux pas être dans le film, je ne veux pas d’histoire avec les familles. Je suis retourné une dernière fois lui dire que la séquence avec Donatien m’intéressait et que j’aimerai la garder, avec lui, au montage, je me suis fait enguirlandé par sa mère qui me disait qu’il fallait qu’on arrête de parler de ce vaurien de Ravallec qui avait assez causé de soucis à sa pauvre mère…
Et un dernier fil, last but not least
Bonjour à tout le monde,
J’ai été très sensible tout d’abord à la matière du film, que j’ignorais encore et qui au-delà de combler des lacunes, a permis de rendre sensible un héritage encore vivant aujourd’hui.
J’ai beaucoup apprécié les différents fils tissés dans la narration filmique, entre les lieux d’archives, la géographie qui est traversée par l’Histoire, les entrelacs de langues, la fiction qui venait éclairer l’enquête, les témoignages savants mais incarnés. C’était d’une grande richesse à parcourir.
Quant au message que j’en retire est que l’ oralité doit continuer d’être anoblie justement parce qu’elle tient souvent en son sein des cultures populaires, méprisées.
Que la Justice et la Vérité peuvent se rencontrer avec plus de justesse dans un chant.
Et que la recherche et le devoir de mémoire est une affaire publique, collective, que quelques individus nous rappellent de chérir.
Merci à Philippe Guilloux et aux organisateurs de cette séance.
J’aurais pas mieux dit En fait je n’aurais pas réussi à dire aussi bien
Merci pour ce très joli texte
Merci d’avoir créé ce qui l’a inspiré.
Voltayrine Marine Perrot
Cependant, je manque d’outils d’analyse filmique, ce que toi tu serais plus à même de faire!
Eric Citharel
On travaillera sur ça
Je n’ai que les bases de mes quelques mois de cours en analyse filmique à Paris III, donc avec plaisir !
Ce que je peux vous dire sur le film en terme de construction, c’est que, dès le départ, comme je savais que j’aurai a mélanger des époques, il fallait que je donne des clefs aux spectateurs pour qu’il s’y retrouve d’ou le fait d’avoir choisi, par exemple, de filmer ainsi les intervenants. En très gros plans, décalés parfois; Surtout pas dans un bureau qui aurait pu être confondu avec l’univers de Donatien
J’ai trouvé ces plans magnifiques C’est ce que j’aime faire
Quand j’ai vu le rushes pourtant, j’ai eu très peur lol; Le pauvre lolo on ne voit que ca moustache et ses yeux hahahah. Et au montage, ça a confirmé que c’était la bonne option.
Je fais souvent ça en cadrage Mais je me fais engueuler Et j’essaie d’expliquer Pas toujours facile de valoriser des choix artistiques avec des communicants ignares et incultes
Merci Eric pour le partage. Une belle découverte pour moi, de l’histoire et du personnage parti rejoindre l’autre monde.
Merci beaucoup Guénolé
Pour finir, quelques références données par Claude pour améliorer notre compréhension de ce sujet .
Voici quelques références si vous souhaitez en savoir davantage sur le Barzaz Breiz et les travaux de Donatien Laurent (la liste est longue, je me suis limité 🙂 ) :
Le dossier thématique du portail Bécédia :
http://bcd.bzh/becedia/fr/la-villemarque-et-le-barzaz-breiz
Une video où Donatien apparaît :
https://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00756/le-barzaz-breiz.html
Et aussi 2 ouvrages édités en 1989 par Dastum et le Chasse marée :
- La thèse de Donatien :
Aux sources du Barzaz-Breiz : La mémoire d’un peuple - Et un CD :
Tradition chantée de Bretagne. Les sources du Barzaz Breiz aujourd’hui
Claude Devriès
J’espère que cette lecture vous aura apporté de bons éclairages sur ce film et donné envie de le voir pour ceux qui ne l’on pas vu, revoir pour d’autres à l’aune des éclairages apportés ici. Et de participer à la prochaine édition du Ciné Club du Confinement
Merci à tous
Eric Citharel
Très heureux d’ouvrir votre formule de ciné-club, qui plus est avec ce film hommage à Donatien Laurent qui vient de nous quitter.
Bonne projection à vous, prenez soin de vous, de vos familles et de vos proches
Kenavo
Merci beaucoup Philippe pour ton approbation et ton soutien Rendons positif ce confinement Profitons en pour être plus en contact et se cultiver et échanger