GENS DE BRETAGNE : GOEMONIERS DU LEON…ET D’AILLEURS….
EXCEPTIONNELLEMENT, CE KAFE ISTOR SE TIENDRA AU SALON « LIRE LA BRETAGNE »
Dans l’archipel de Molène, au pays des abers, à l’ouest de tout, en pays léonard, là où plus que nulle part ailleurs la mer et la terre s’entremêlent qui sont ces goémoniers, ces paysans de la mer ? Ce sont eux qui ont donné la possibilité aux terres d’avoir de nouveaux engrais ; ce sont eux aussi qui, au temps des guerres napoléoniennes ont fourni une partie de la teinture d’iode, ce puissant antiseptique devenu indispensable en temps de guerre et qui nécessitait tant et tant d’algues… Eux aussi qui travaillaient avec charrette et cheval et qui à terre vivaient parfois tout simplement dans des coques de bateau retournées…
« P’tit goém’ », « goémon épave » ou grandes laminaires… le travail harassant de ces hommes et de ces femmes a laissé sa trace dans les lieux et les cœurs, les fours à goémon nombreux, rappellent ces temps. et si le travail a aujourd’hui changé et si Lanildut peut se flatter d’être aujourd’hui le premier port goémonier d’Europe, c’est tout une région qui vit encore au rythme des goémoniers…
Mais, peut-être celui qui en parle le mieux est-il Julien Gracq, géographe et écrivain de Bretagne, de la mer et des terres :
« Je n’ai jamais revu, depuis la guerre, monter au-dessus des grèves de mer de l’automne ce signal de solitude, qui était un adieu presque mystique à l’agitation et à la joie des vacances : les fumées des goémoniers du Finistère. On pratiquait alors, après les marées d’équinoxe, de longues tranchées dans le sable où on entassait le goémon d’épave sec, en prenant soin de ménager par-dessous une aération : après combustion, on recueillait les cendres riches en soude. J’observais ces travaux souvent près de Saint-Guénolé. L’industrie chimique moderne a dû depuis belle lurette liquider cet artisanat préhistorique, parti rejoindre les feux couverts des anciennes meules des charbonniers. Mais une part de la poésie de l’automne a déserté pour moi avec lui les plages d’octobre. C’était une fumée tremblée, qui montait d’abord presque transparente, comme la vibration de la chaleur sur l’asphalte des routes d’été, avant de se densifier faiblement en bouffées d’un blanc gris qui dérivait lentement dans le fil du vent au-dessus du sable. Il y avait là la paix presque souriante de l’été consumé et du rideau tombé et aussi la petite âme songeuse, menacée et pourtant opiniâtre, qui s’éveille dans tous les feux qui brûlent au bord de la mer. » In Carnets du grand chemin.- Paris : J. Corti, 1992
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